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Il neige sur le Lac Majeur
Il neige sur le Lac Majeur
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22 juin 2007

16- 2 mai

Mercredi 2 mai 2007

Bye bye, Flottbek !



Une fois le Flottbek à quai, j'ai traîné 1/4 h à la passerelle puis regagné ma cabine. J'ai dormi tant mal que bien. A 6 h 15 j'ai ouvert les rideaux. Sans doute pour vérifier le bon état de marche de toutes ses composantes, une grue manœuvrait à vide au-dessus du navire. J'ai constaté que toutes les portes donnant sur l'extérieur avaient été verrouillées, ce qui a confirmé les conseils donnés aux passagers par le Guide des voyages en cargo pour le temps des escales. Amador était déjà à son poste aux fourneaux. Je lui ai demandé l'autorisation de sortir et je suis remonté sur la corniche de la passerelle...

BONJOUR MONTRÉAL

Le soleil se lève sur Montréal. Le ciel est clair, très lumineux. Nous arrivons avec le beau temps. Le Mont-Royal se cache un peu derrière les grandes grues jaunes mais, du haut du Flottbek, la vue porte loin sur les rues à angle droit de la grande cité. Sur la rive nord, toute proche ou paraissant telle, la tour oblique du stade olympique domine tout. Sur la gauche du bateau, deux tours d'aération. Les voitures apparaissent un peu plus loin, avalées ou recrachées par le tunnel Lafontaine. A droite, le poste de contrôle d'accès au terminal est tout proche. La sortie ne devrait pas être compliquée et Jean n'aura pas de peine à me trouver. Grâce à l'obligeance du chef-mécanicien et du capitaine, j'ai pu l'appeler hier soir de Trois-Rivières (toujours gracieusement) sur le téléphone portable du Flottbek. Nous avons rendez-vous vers 9 h.
L'atmosphère, un peu fraîche, est paisible, mais au sol on ne chôme pas. Déjà en cours cette nuit lors de notre arrivée, le chargement-déchargement du bateau voisin, le Maersk Patras, se poursuit. Les conteneurs sont apportés ou emportés par de longs camions à la cabine étroite et haute. Les grues lèvent ou reposent les charges, les bip-bip très sonores des engins en marche arrière vrillent sans cesse les oreilles. Mon attention est attirée par un haut portique au milieu duquel passent les camions chargés. J'apprendrai par la suite, dans la presse, qu'il vient d'en être installé plusieurs (une première au Canada) pour détecter la présence éventuelle d'éléments radio-actifs dans les conteneurs. 11 septembre, quand tu nous tiens...

DES FORMALITÉS PAS SI FORMELLES

A 7 h 30, nous voilà réunis pour l'ultime petit-déjeuner à bord. Rona demande à Reagan sa dernière soupe chinoise aux pâtes. La proximité de la séparation est très sensible. La dernière gorgée de thé ou de café avalée, il ne reste plus qu'à boucler les valises, ce qui est vite fait pour moi.
Vers 8 h 15 on nous annonce que la police (et la douane ?) est à bord et nous sommes invités à nous présenter un par un au bureau du pont 6. Reagan nous a distribué les formulaires de douane il y a déjà 48 h. Tous les papiers sont prêts. Je suis reçu le premier par deux hommes en uniforme. L'un d'eux seulement me parle, poli mais froid. Il ne me pose aucune question sur le contenu de mes bagages mais m'interroge sur les raisons de mon voyage en bateau, sur la durée de mon séjour (déjà indiquée sur le formulaire), sur mes projets au Canada... Je suis prié de remonter dans ma cabine chercher le document attestant que je dois repartir sur le Canada Senator. La feuille présentée (remplie de ma main et portant ma seule signature !) le satisfait mais, pendant ma courte absence, il a eu le temps d'examiner mon passeport. Il a besoin de l'aide de son collègue pour vérifier que le dernier chiffre inscrit sur la liste récapitulative des passagers (un 3 ou un 5 ?) est bien identique à celui du passeport. Il me demande les raisons de mon voyage au Burkina en novembre dernier. Il a raison : au cas où j'aurais séjourné dans un camp d'entraînement pour terroristes... Au fait, monsieur le policier, où est-ce le Burkina Faso ?... Il se décide enfin à apposer son tampon sur mon passeport.
Je descends mes valises dans le salon des passagers déjà encombré par les bagages de mes petits camarades. Stefan vient bientôt m'y rejoindre, un peu étonné que son passeport lui ait été rendu sans tampon, après un entretien moins inquisiteur que pour moi. Mieux vaut donc être cycliste suisse que retraité français en visite chez ses enfants. Lucy arrive à son tour puis, un peu plus tard, Rona. Celle-ci avait un peu peur de questions gênantes sur son-travail-qui-n'est-pas-un-travail, mais tout s'est bien passé pour elle aussi.
Au bout d'un moment, nous sommes étonnés de ne pas voir reparaître Laurence. Reagan égrène quelques notes sur sa guitare. Nous commençons à trouver le temps un peu long. Je pense à Jean qui doit se morfondre à l'entrée, et que je ne peux pas prévenir...
Enfin voici Laurence. Eh bien non ! on ne lui a pas rendu son passeport. Il n'a pas reçu l'autorisation de débarquer. C'est pour lui un coup dur évident mais sa maîtrise, son flegme, m'étonnent. So british... Commencent alors des allées et venues entre le salon, le bureau, le pont extérieur n° 6. D'après ce que nous comprenons, Laurence doit trouver les moyens de justifier de ressources suffisantes pendant son séjour (coordonnées de compte bancaire et/ou de carte de crédit). Il lui faut joindre d'urgence ses parents pour qu'ils obtiennent de la banque un document à transmettre par courriel (il est déjà 15 h passées en Angleterre)... Le capitaine et le chef-mécanicien se mettent en quatre pour faciliter les démarches mais l'ordinateur du bureau n'est pas connecté à internet, il faut aller à la salle de contrôle des machines...

UNE NAVETTE QUI NE VIENT PAS


Nous descendons nos bagages d'un étage, sur le pont extérieur n° 6. Le vélo de Stefan a déjà été remonté des cales, en parfait état. Tiens, si j'avais su, j'aurais peut-être pu obtenir des deux compagnies de navigation le transport de ma moto et rallier Liverpool par mes propres moyens ? En réalité, même en cas d'accord, certainement très problématique, j'aurais eu trop peur qu'elle supporte mal le voyage.
Le capitaine a demandé à terre que la navette vienne nous chercher. Une nouvelle attente commence, entrecoupée par les apparitions de Laurence. Nous assistons à l'embarquement d'un moteur électrique neuf en remplacement de celui qui s'est révélé défaillant le premier soir. D'où vient-il ? D'Europe, par avion, du Canada, des Etats-Unis ? Pour meubler l'attente nous observons le ballet continu des engins sur le quai. En ces circonstances, nous n'avons plus grand-chose à nous dire. Les membres d'équipage qui passent par là nous font tour à tour leurs adieux. Dernières photos. Des dockers et employés du port montent à bord... Et toujours pas de bus... Jean est-il encore à l'entrée ?
Finalement, le chef-mécanicien obtient d'un docker le prêt de son véhicule stationné au bord du quai, à l'arrière du Flottbek. Il se charge même de descendre une de mes valises et assure le chargement de la camionnette. Je pensais que les autres allaient descendre en même temps que moi mais ils sont toujours là-haut et le chef-mécanicien m'invite à monter à l'avant près de lui. Grands gestes d'au revoir. Je n'ai même pas salué le capitaine. Je demande à mon pilote de le faire pour moi.

RETROUVAILLES

L'entrée du terminal n'est en effet guère éloignée, même s'il n'est pas possible de la joindre en ligne directe. Je me retrouve donc très vite près des portes d'accès au port, avec mon sac et mes deux valises. Jean est là, qui se préparait à repartir. Nous chargeons la voiture mais revenons à l'intérieur de l'enceinte pour accueillir la deuxième “ livraison ” de passagers, et voici bientôt Stefan, Rona et le vélo. Nous avons déjà projeté de nous retrouver chez Jean et Béatrice pour mettre en commun nos photos et graver des DVD, mais sans pouvoir arrêter de date. Après concertation avec Jean et Béatrice (par téléphone), rendez-vous est pris pour vendredi soir. Laurence sera-t-il des nôtres ou reparti vers Liverpool avec le Flottbek ?
A deux ou trois reprises Jean et moi avons donc fait des allers-retours entre le parking extérieur et la zone portuaire en principe fermée. A aucun moment personne ne nous a rien demandé, aucun contrôle n'a été effectué, ni sur les personnes ni sur les bagages. Pour moi cela confirme que dans un tel terminal, les passagers comptent pour quantité complètement négligeable : seules comptent les grosses boîtes. C'est ce que Jean a ressenti aussi avant mon arrivée en tentant, pour avoir des informations, de parlementer avec l'homme préposé au contrôle d'entrée des camions. C'est ce que semble également indiquer notre attente vaine du bus.

Cette longue matinée est maintenant terminée. Je roule avec Jean sous le soleil. Première vraie journée de printemps sur Montréal, qui fait briller la neige sur le Lac Majeur...

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